Conférence donnée le 18 novembre 2003 par Jean-Pierre Lorand du Laboratoire de Minéralogie du Muséum National d'Histoire Naturelle dans le cadre des Grands Séminaires de l'Observatoire Midi-Pyrénées.
Dans le langage courant, c'est d'abord l'or et l'argent qui viennent à l'esprit lorsqu'on évoque les métaux précieux ou nobles. C'est oublier le platine et son groupe , osmium, iridium, ruthénium, rhodium et palladium, les plus rares de moins d' 1 milligramme/tonne dans la croûte terrestre, et aussi les plus chers des métaux. Leur extraction des quelques gros gisements miniers connus pose de véritables défis technologiques, en raison de leurs faibles concentrations, de leurs points de fusion très élevés supérieures à 1500°C et de leur faible réactivité. Utilisés depuis l'Antiquité comme objets de parure mais confondus avec d'autres métaux moins nobles, ce n'est qu'au cours du XIXè siècle qu'ils ont été correctement identifiés et qu'ils ont acquis leurs lettres de noblesse. Ils ont maintenant gagné la plupart des domaines de l'industrie moderne, au point de devenir des métaux stratégiques indispensables à certains secteurs automobile, chimie, électronique, métallurgie, informatique. Ce sont aussi de formidables traceurs géochimiques pour reconstituer l'histoire géologique de notre planète, car ils s'associent exclusivement avec le fer et le soufre. De ces propriétés géochimiques, il est facile de déduire que pour l'essentiel, les éléments du groupe du platine se sont accumulés dans le noyau métallique au moment de la différenciation terrestre. Toutefois, le manteau terrestre, le résidu silicaté de cette différenciation en contient 'trop' pour être en équilibre avec le noyau. Cet excès a servi de base pour élaborer la théorie du 'Vernis Tardif' selon laquelle la Terre encore jeune a été intensément bombardée par de gros astéroïdes non différenciés postérieurement à la formation du noyau.